Xavier Veilhan au château de Versailles : La contamination du réel par l’image de synthèse, ou le numérique fait chair.
Jusqu’au 13 décembre, Xavier Veilhan succède à Jeff Koons au château de Versailles. Et s’il est un fait que l’image de synthèse et l’imagerie 3D en particulier sont désormais banalisées au travers des jeux vidéos, du cinéma et même de la télévision, on peut voir là comment le numérique contamine le réel jusque dans la sculpture et ses process. Veilhan, fasciné par les technologies, multiplie les expériences et les réalisations qui font généralement intervenir le numérique dans la conception et le plus souvent dans la réalisation de ses œuvres. L’attelage, qui m’évoque la fuite à Varennes et qui trône dans la cour d’honneur, est à cet égard un bel exemple. Forme travaillée par ordinateur, il emprunte à la chronophotographie en incorporant le mouvement et l’accélération et dégage une forte impression de dynamisme.
Le processus est poussé à son terme dans ce qu’il appelle des sculptures automatiques. Il s’agit de placer l’objet ou l’individu face à un scanner pendant une vingtaine de minutes et de fondre les fichiers obtenus. Une machine sculptrice peut alors modeler un matériau selon le fichier exécutable. Par ce processus, déjà utilisé pour une série animalière (le lion par exemple), Veilhan rafraîchit la statuaire pour sa série des architectes exposée dans les jardins. On entre dans une logique géométrique perceptible sur les réalisations finales en fonction de la définition et de la trame choisies.
Dans cette logique de travail, le rapport à la matière se trouve profondément modifié. La sculpture entendue comme action de donner une forme à la matière, était jusque là liée à un geste du bras prolongé par un outil. Le résultat obtenu était la trace de ce geste. Le numérique apporte ici une transformation fondamentale. De la souris à la sculpture finie, Il n’y a pas de contact entre le corps et l’objet durant le processus, il n’y a plus de relation directe entre le geste et le résultat. Ce geste est en quelque sorte manquant. La réalité étant ainsi encodée, l’objet de référence devient le code qui peut subir toutes sortes de traitements ouvrant tous les possibles. on retrouve là une des caractéristiques communes aux œuvres d’art numérique. Quoi que l’on pense des travaux de Veilhan, il s’inscrit parfaitement dans les évolutions des représentations du monde en exposant à Versailles une chair numérique.
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