28/02/2007

La presse au défi du numérique – Acte 2

Author: Manuel Diaz

Dans un précédent post j’avais relevé quelques incohérences temporelles dans le rapport concernant “La presse au défi du numérique”. La diffusion de ce rapport a permis de lever depuis quelques boucliers et a lancé quelques discussions intéressantes (chez Emmanuel Parodi, sur AgoraVox , etc.  ).


Le manque de consultation autour de ce rapport, le décalage important qui existe entre la réalité et la situation décrite sont inquiétant, certes, mais qu’est-ce que cela cache réellement ?

Une commission de déontologie du Net ? Une sorte de CSA du web… Mais bien plus grave, la protection de l’enfance n’est-elle pas l’arbre qui cache la forêt ? Va t-on nous donner accès demain en France à un internet filtré, comme en Chine ? A priori non, il s’agirait simplement d’un label… donc aucun intérêt… on connait le sens critique des Français et leur capacité à ne pas faire ce qu’on leur demande…

Sommes-nous à ce point lobotomisés pour aller consulter seulement les sites qui possèderont un label ? Je ne le crois pas, ce mécanisme mercantilo-démagogique peut par contre avoir une influence énorme sur l’évolution d’un journalisme, ou d’une information underground… le retour du boomrang en sommes.

Imaginons la situation: vous allez sur Le Monde ou sur Libération parce que vous y trouvez un logo qui certifie que ces articles sont écrits par de vrais journalistes ? Non ! Vous  lisez vos flux RSS, ou vous faites une recherche dans google actualité… et là, peu importe la source, le croisement de quelques informations est toujours la meilleure méthode d’analyse. Le jugement et la capacité d’analyse de chacun est un bien qu’aucune loi ne peut remplacer, ou forcer. Après il y a ceux qui fonctionnent par habitude et parce qu’ils apprécient un journal vont systématiquement se focaliser sur son pendant électronique.

Après l’industrie du disque, on estime donc qu’internet est le grand coupable de la baisse des revenus de la presse. Mais alors au lieu de vouloir à tout prix tordre le cou du net pour qu’il s’adapte aux médias traditionnels, la vraie question n’est-elle pas de revoir le positionnement et la stratégie de la presse traditionnelle, et son comportement dans la société de l’information ? En ce sens, certaines idées du rapport sont logiques : un regroupement des médias etc. (cela va de toutes façons dans le sens de la société actuelle…).

Et pendant ce temps là des grands groupes de presse n’ont pas attendu les conclusions du rapport et achètent en série des sites internet, non seulement pour étoffer leur offre, mais aussi pour acquérir les capacités et les compétences internet dans un secteur où il sont déjà reconnus. On peut citer par exemple prisma presse qui rachète programme-tv.net, le groupe Figaro qui approche ou participe à Keljob.com, cadremploi.fr, explorimmo.com et bazarchic ou spir Communication et Schibsted qui financent Caradisiac.com et lacentrale.fr… etc.

Donc certains procèdent par rachat ou participation afin de gagner un temps précieux dans leur précipitation vers le web, mais d’autres font le pari de la création, c’est le cas de Lagardère active média qui veut créer un centaine de sites d’ici fin 2007.

Bref, il semble que la presse s’adapte enfin à la société qui l’entoure et daigne participer à la société de l’information et à exister sur le web et ça c’est une bonne nouvelle… point besoin de loi ni de montrer le chemin à des gens qui sont devenus les acteurs majeurs de la société de nos parents, les mêmes principes s’appliquent au web, il suffit de bien s’entourer et de bien se faire conseiller pour conquérir ce nouveau monde…

A quand un quotidien publié uniquement dans second life ? A quand un quotidien présent uniquement sur le web ? Les modèles économiques ne sont pas si compliqués à trouver dans un espace où le potentiel de lecteur est bien plus élevé qu’habituellement mais où la concurrence fait rage…

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