11/06/2005

Université de Printemps de la FING, 3ème édition

Author: Romain Dehaudt, Head of Revenue & Operations

Conf.jpgMercredi, jeudi et vendredi se déroulait la 3ème Université de Printemps de la FING, sur le thème de l’e-innovation. Voici un retour à chaud sur ce rendez-vous encore une fois dense et fructueux. Christophe fera certainement son billet à lui, notamment sur les manifestations amont de mercredi.


La Baume est un endroit très agréable. À proximité immédiate mais à l’écart de la jungle urbaine aixoise, cet ancien séminaire de jésuite au coeur de la pinède est un endroit rêvé pour ce type de rencontres.
Cela étant, la qualité des échanges y est inversement proportionnelle au réseau disponible et il faut croire qu’il y a encore du boulot sur l’infrastructure haut-débit en PACA. Le réseau étant trusté par le webcasting de la manifestation, il a fallu se rabattre sur un point ASFI (hot-spot wifi en bon français) saturé. On aurait pu bloguer en direct, mais cela nous a au moins permis de mobiliser tous nos moyens face à des orateurs au propos plus que consistant parfois.
L’innovation est un sujet particulièrement d’actualité ces derniers temps et cela s’est ressenti dès les pleinières de jeudi matin.
Nous sommes rapidement entré dans le vif du sujet, avec quelques bordées bien senties sur la situation française et européenne en matière d’innovation et d’inévitables accrochages sur les mérites ou tares comparées de différentes approches capitalistiques. Les fonds de pension en ont pris pour leur grade, mais moins que le rapport Beffa et son projet d’agence pour l’innovation industrielle dont le colbertisme suscite pour le moins beaucoup de circonspection ici.
Mais en fin de compte, une fois les esprits échauffés, l’équipe de la FING a su nous remettre dans le droit chemin, d’une part en redonnant du sens aux mots et surtout avec une mise en perspective philosophique et sociétale des plus éclairante. Nous en sommes alors finalement arrivé aux véritables sujet de fonds : s’il n’y a pas de crise de l’innovation, il y a des problèmes dans le pilotage de l’innovation. C’est ainsi que les questions essentielles des particularités de l’innovation dans les TIC, des environnements favorables à l’innovation, du rôle des usagers, des rythmes et délais, ainsi que des modèles économiques et organisationnels ont fait l’objet de très intéressantes interventions. Tant mieux, car si j’étais venu chercher quelque chose ici, c’est bien dans le registre du pilotage, du management et plus globalement des conditions d’organisation favorables à l’innovation.
À ce titre, je ne pouvais pas rater l’atelier animé par Alain d’Iribarne sur “la place de l’innovation et le changement dans les organisations”. Beaucoup de choses intéressantes, notamment sur les entreprises agiles, même si nous sommes restés à mon goût un peu trop concentré sur les aspects process (ERP et consorts). Heureusement, l’opportunité des questions était trop belle pour ne pas stimuler mon animateur préféré sur les questions managériales, notamment sur son thème de prédilection des injonctions paradoxales (compétition/coopération), en continuité d’une discussion vieille de deux ans, ce qui m’a permis d’obtenir des réponses aux questions que j’étais venu chercher.
Il y a quand même quelques éléments récurrents entrevus dans les débats et qui ne manquent pas de nous interpeller.
D’abord des constats enfin partagés sur le fait que la recherche et l’innovation technologique ne vient plus seulement des labos, mais aussi et de plus en plus des utilisateurs. Cela vaut aussi dans le domaine marketing et la production culturelle. À ce titre, Franck Beau est venu nous dresser un aperçu saisissant de ce qui se passe du côté des jeux massivement multi-joueurs, où l’on apprend que la Chine représente maintenant la moitié des quelques 30 millions de joueurs de la planète (!) et où l’on observe de sacrés bouleversements sur la notion d’usages ascendants (porté par les utilisateurs) que les autres orateurs ont permis de bien éclairer.
D’une manière générale, et contrairement à ce que l’on pense, la vague d’innovation que constitue la Société de l’Information n’avance pas beaucoup plus vite que certaines grandes vagues précédentes. Surtout, nous n’avons encore rien vu, notamment parce que nous entrons seulement maintenant dans la phase de synthèse créative. À ce titre, on a beaucoup entendu parler de l’iPod, notamment dans la bouche des représentants de très grands groupes qui commencent à peine à tirer les leçon de la révolution que constitue ce produit et de la claque qu’ils ont reçus. L’iPod n’amène pas d’innovation technologique en lui-même, mais en assemblant différentes innovations, il propose à son utilisateur une rupture d’usage et une création de valeur pratique sans précédent au consommateur de musique. On a ainsi parlé de C&D (Connexion & Developpement), ou de l’art d’associer des tas d’innovations disparates au service d’un progrès d’usages.
Car il ne suffit pas d’avoir l’info ou les labos, l’important c’est dorénavant de savoir créer des milieux favorables à la créativité. Nous avons donc beaucoup échangé sur les modèles d’organisations favorables à l’innovation et cela n’a pas manqué de partager de sérieux doutes sur la capacité de la vieille Europe à être en posture favorable.
Mais l’UP FING, c’est évidemment aussi l’occasion de retrouver des gens de qualité (et la FING n’en manque pas) et de faire des rencontres. Ce fut notamment le cas cette année avec des blogueurs réputés et appréciés dans les commentaires de nos billets. Mention spéciale pour ma part à Hubert Guillaud. Très intéressante aussi la rencontre inattendue avec une équipe de l’Université de Namur auteur de très intéressantes approches managériales que j’avais mis en oeuvres sur certains projets.
La Baume
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Christophe perplexe face au débit disponible
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