19/06/2009

Lift+FING dessine l'ère post-industrielle

Author: Romain Dehaudt, Head of Revenue & Operations

logo_horizontal_liftwithfing.jpgComme l’a dit Franck, Lift, comme la FING font partie de ces trop rares organisations aptent à susciter métissages et fusions fertiles des idées de ceux qui les ont. Quand les deux ont annoncé qu’elles feraient cause commune pour un Lift France à Marseille ce week-end, mon sang n’a fait qu’un tour, et a ranimé le souvenir de la richesse d’un quadriennat d’UP FING exceptionnel (de 2003 à 2006). Je n’ai pas été déçu, bien au contraire. Ceux qui veulent avoir une vue de ce qui a été dit trouveront leur bonheur sur FING live. Mention spéciale à Timo Arnall, Marc Giget en excellent provocateur, et le panel innover avec les non-innovateur qui était une vraie leçon. Je m’en tiendrai ici à un essai de consolidation à chaud de ce que tout cela m’inspire, quitte à m’enflammer un peu.


Chez TED, Seth Godin avait présenté le changement comme la libération de la capacité à lancer un mouvement et à le développer. Il n’y a pas que les idées, nous avons eu la démonstration aujourd’hui que l’innovation et plus encore, le prototypage et la fabrication, étaient à la portée d’à peu près n’importe qui. Nous avons vu des imprimantes 3D capables de faire des pièces de plus d’un mètre, montés dans un garage, en open source et conçu pour pouvoir fabriquer les pièces apte à faire d’autres. Le media Lab Prado nous a montré comment on pouvait concevoir et donner vie à des trucs vraiment disruptifs en 3 semaines et avec des gens différents et venant de partout. De la vraie synthèse créative hors des labos. Vous relirez ce billet sur les Arduinos pour comprendre comment connecter une plante pour qu’elle vous parle est digne du mécano. Nous avons Bruce Sterling humblement introduire une journée qui a fait de l’internet des objets une histoire pour enfants. Ce qui est possible entre nos mains est énormément plus puissant.
Alors certes, il y a encore pleins de choses à régler, mais j’ai ressenti une puissante analogie avec l’époque ou la photocopie et l’impression se sont démocratisées, de l’explosion des fanzines, bien avant les blogs. Fabriquer des objets et prototyper à la volée est à la portée d’une TPE. D’ailleurs un designer de l’ENSCI me racontait ce soir que des réparateurs s’en équipent, pour refaire des pièces de matériels obsolètes plutôt que de les acheter à prix d’or.
La prochaine étape, ce n’est pas l’internet des objets, c’est la démocratisation de la faculter à inventer et faire. Vous avez une idée d’objet ? donnez lui vie, regardez si ça intéresse les gens et, s’ils en veulent, y’a plus qu’à produire. Le problème des marques n’est pas d’intégrer le consommateur au marketing. Il est déjà prêt à fabriquer le produit, peut-être même demandeur. L’open-source appliqué aux choses, ça existe, on l’a vu avec OpenMoko un mobile open-source et autoproduit !
Sur ce terreau, nous avons donc vue des formes incroyable d’innovation et de synthèse créative par la foule elle-même. Nous avons vu des mamies transmettre des savoir, nous avons vu des metal-nerds expérimenter sur les métaux dans des garages et de nouvelles manières pour produire de la nouveauté vite et avec concrétisation.
Comme l’a souligné Marc Giget, tout le monde parle d’ouverture, tout le monde est “open”, mais l’innovation servant à libérer et ouvrir, parler d’open-innovation n’a aucun sens. Cette libération fait plutôt référence à la sortie qui se produit sous nos yeux d’une innovation conduite en mode process et avec une sémantique et une approche militaire. Comme cela a été dit, le monde actuel n’a pas besoin de conscrits, il a besoin de gens volontaires et engagés. Alors, c’est quoi, les valeurs de l’innovation sociale, celle qui est vraiment ouverte et qui se fait avec de vrais gens ?
– elle est narrative, faite d’expériences qui se partagent et qui donnent du sens
– elle est utile, car elle compte pour les autres
– elle est artisanale, au sens où elle est porteuse de valeurs salutaires pour celui qui l’exerce
On croirait revenir avant l’ère industrielle et ce n’est pas qu’une vue de l’esprit, pleins de choses vues nous font penser qu’on retrouve des vertus d’avant dans l’ère post-industrielle !
Il y autre chose qui m’a frappé, c’est le lien immédiat que l’on fait en voyant cela avec ce qui change dans la consommation. Il y a un vrai mouvement de gens qui se mettent à fabriquer eux-même plutôt qu’acheter. Il y en a aussi qui veulent des produits qu’ils peuvent trafiquer et réparer. Le hacking s’étend aux produits et devient une revendication. Le DIY est un vrai mouvement de masse. Il fait école, et le net là-dedans sert à donner accès au savoir et à transmettre les savoir-faire.
Dans le fond, je croie que l’industrie est sans doute face à un vrai problème. Certes, il y a des marques et des produits que l’on achète en confiance et dont on attend efficience et expérience. Mon Mac par exemple, mais j’en connais qui bichonnent soigneusement des voitures de plus de vingt ans et qui jurent mordicus qu’ils n’achèteront pas de voiture moderne car, la-leur, ils peuvent la réparer eux-même et la bricoler au besoin. Et puis, quitte à parler de bricoleur, en étant un à mes heures je sais trop bien que réparer soi-même ou bidouiller un truc est aussi un plaisir.
Plaisir, typiquement ce qui se voyait sur les visages de tout ce qu’on nous a montré. Et c’est là que s’enfonce le clou d’une disruption qu’on ne pensait pas aussi proche.

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