05/02/2009

Vous n'aurez bientôt plus rien à cacher

Author: Romain Dehaudt, Head of Revenue & Operations

Coup sur coup, deux annonces viennent confirmer, s’il en était besoin, à quel point nous sommes prêts à faire sauter des lignes rouges et réviser nos certitudes sur ce que nous allons accepter de faire dans le dévoilement de nos vies pour satisfaire à des facilités et stimuli de nos relations sociales.
Avec Google Latitude, vous pouvez faire en sorte que vous et vos amis sachiez où vous vous trouvez. La Google Map de vos contacts existe. Bon, c’est limité à vos contacts gmail, vous pouvez décider de ne plus être localisé, ou de fixer une fausse localisation, sauf que je ne suis pas sûr que ce ne soit pas sans conséquence. À disparaître de la carte, vous prenez le risque de faire des choses suspectes. À donner un faux emplacement et qu’on ne vous y retrouve pas, ce sera pire. Un nouveau palier est franchi en terme de dévoilement, il promet d’être des plus croustillant, surtout s’il génère des convenances socio-culturelles au sein de certaines groupes, ce qui se produira inévitablement. À suivre de près, notamment au Japon, où, depuis dix ans, avoir son mobile indisponible est aussi impoli que d’arriver avec du retard significatif.

Ce midi, j’écoutais une discussion portant sur le jeu consistant, dans Facebook, à chercher ses ex. Pures balivernes. Avec SocialWhoIS, remontez d’un clic toutes les données utiles pour découvrir qui se cache derrière cet obscur adepte de Twitter. De fait, la formule “sur le web, personne ne sait que vous êtes un chien” est définitivement fausse. Tout le monde est capable de savoir qui vous êtes.


Il y a quelques semaines, j’avais été invité dans une école d’ingénieur à leur dire la vérité de ce qui se passe avec le web, leur réputation dessus et ce qu’ils devraient faire pour ne pas subir leur identité sur le web. Consternation parmi ceux qui découvraient que cela ne servait à rien de tout verrouiller et qu’il fallait au contraire être agissant si l’on voulait avoir, autant que possible, une juste représentation de soi. Et je ne parle même pas de la nécessité d’être présent sinon actif sur tout un tas de réseaux si l’on souhaite être visible… Déjà qu’il est parfaitement banal de googler et chercher dans Facebook tout candidat, futur interlocuteur ou simple connaissance, pleins de nouveaux outils viennent nous donner les moyens d’obtenir un maximum d’information sur les gens.
Vous avez le droit de vous offusquer et de regretter ce mouvement, mais le fait est qu’il a lieu et qu’il est inexorable. Il est nourrit par l’appétit à communiquer et échanger de l’homme et celui-ci est insatiable. Il est l’essence même de nos sociétés.
Cela pose évidemment de très grandes questions, notamment celle du droit à l’oubli et de son applicabilité sur le réseau. Je pense très sérieusement que cela sera un prochain sujet et que celui-ci ne sera pas nécessairement politique. Des services apparaîtrons pour pouvoir le faire.
Mais la plus grande question, c’est à mon avis celle de l’éducation. Récemment, InternetActu éclairait ces travaux qui concluent à la vacuité du filtrage parental et autres illusions technologiques de protection des enfants, que la seule chose à intégrer c’est que la parentalité numérique, c’est la parentalité tout court. Il ne suffit plus d’apprendre le web, il faut maintenant, et d’urgence, apprendre à maîtriser son moi en ligne, ce qui passe notamment par une acquisition précoce de la compréhension de la notion de média, d’image publique, etc. Toute sortes de sujets parfaitement ignorés de toutes nos institutions éducatives.
Nicolas Sarkozy a tord de penser que le web est un endroit où l’on fait ce que l’on veut. Plus fort que n’importe quelle loi, c’est la société, le groupe, qui développe ses propres capacités de surveillance et de régulation de lui-même.

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