09/01/2008

Internet peut bien être tondu

Author: Romain Dehaudt, Head of Revenue & Operations

Avec ce billet, j’inaugure une petites série sur ce qui me semble à la fois marquant mais également souterrain au tournant de 2007 et en ce début d’années.
Dès après la séquence électorale de printemps j’avais manifesté ma déception devant l’absence de prise en compte politique, puis de politique numérique tout court. Pourtant, il faut se rendre à l’évidence, il y a une doctrine au regard du numérique à la tête de l’Etat.
Inutile d’attendre qu’il y ait un Secrétaire d’Etat, les faits convergent clairement à mon sens autour de trois signaux clairs :
1/ le pouvoir ne raisonne pas en Société de l’Information, sa vision du web est médiatique.
L’épisode du nouveau elysee.fr est à ce titre assez éclairant. Voir chez Versac un intéressant exercice de déconstruction (tu as l’air vraiment affligé Nicolas !). Oui, c’est un copier-coller à peine retouché de Sarkozy.fr et cela ne développe aucune interactivité. C’est un pur tuyau média top-down, finalement bien dans la veine de l’intervention du candidat au Web 3 de 2006. Affligeant. Accessoirement, la lecture publicitaire de l’économie de l’internet est aussi illustrative de cette vision médiatique.
2/ internet est une menace. En totale incompréhension de la dimension interactive et participative, à l’écoute des lobbys mis à mal par le changement, les usages numériques apparaissent comme des dérives qu’il faut réguler sinon réprimer. Le consensus qui considérait internet comme source de progrés, comme terreau de développement de l’économie du XXIe siècle n’est plus. L’internet est sur la selette.
3/ internet a bien poussé et peut être tondu. L’épisode de la taxation des plateforme vidéo n’était pas qu’un gag, il traduit bien la conviction que l’économie du web est en situation d’être ponctionnée au profit du financement culturel par exemple. Nicolas Sarkozy a surpris tout le monde en proposant hier de supprimer la publicité de l’audiovisuel public et de financer le service public par une taxe sur la pub audiovisuelle et … les FAI.
Un des paradoxe dans tout cela est qu’avec la perception annoncée des fournisseurs d’accès et ce qui pourrait finalement ressembler à une vignette culturelle sur les abonnements, le pouvoir réinventerait la licence globale qu’il avait vertement retoquée lors de la DADVSI, il y a deux ans.
Les fournisseurs d’accès tombent des nues, mais personnellement je ne suis pas surpris. Ils doivent se penser autrement que comme un secteur émergent protégé, bien au contraire. C’est aussi le sens du message adressé à l’e-commerce avec la loi Chatel.
Et maintenant ? Entre incompréhension de l’internet, tentations fiscales et régulatrices, la prochaine victime pourrait être la neutralité du web, en droite ligne avec un mouvement de fonds qui trouve des échos ailleurs en Europe et aux USA depuis déjà un bon moment.
Finalement, et pour en revenir au rien qu’a marqué le numérique dans le débat électoral 2007, le fait est que les orientations traduisent le poids de lobby qui sont méfiants ou hostiles du fait numérique qui prônent quelques coups de vergue et une ponction au porte monnaie. Face à cela, il est temps que les acteurs de l’internet entrent dans le jeu et jouent des coudes, ils ne sont pas entendus et si peu écoutés. Sur ce point, les leçons de la DADVSI se rappellent cruellement à nous.

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