23/11/2007

Au pilori !

Author: Romain Dehaudt, Head of Revenue & Operations

J’avais annoncé un moment de vérité, je craignais le signal adressé à la France numérique, celle des internautes et celle des acteurs de l’économie numérique. Ce soir, je pense qu’elle a été tout simplement clouée au Pilori.
Versac surligne ce soir les mots du Président dans son discours. L’internet serait un “trou noir capable d’engloutir et d’assecher [la culture]”, la capacité à dupliquer à l’infini les oeuvres n’est pas le terreau de nouveaux modèles économiques (Long traîne, etc.), mais “la ruine de l’économie musicale”. le développemet du haut-débit condamne le cinéma … en fin de compte “c’est à une véritable destruction de la culure que nous risquons d’assister”. Internet est un mal qu’il faut traiter, les internautes sont des délinquants et la technologie une plaie. Pour un premier discours qui porte sur le champ du numérique, c’est gratiné. J’aurai presque honte de travailler dans l’interactif.
Dans cette affaire on paye l’absence de débat sur le numérique aux dernières élections. Comme si la France seule dans son coin allait changer quelque chose à un changement mondial et radical d’économie de la culture qui, paradoxalement place la relation artistes-public au coeur. Alors vous me direz que c’est un mauvais film, que la lumière va finir par se rallumer, celle qui consiste à prendre conscience que la culture n’est en rien détruite, que ce n’est pas l’économie de la culture qui est remise en cause, c’est le modèle ancien de l’économie de la culture qui meurt et qui sera remplacé par celui que des artistes comme Prince, Radiohead ou Manu Chao ici, des services comme Deezer ou Jamendo sont en train d’inventer. Et que l’on ne vienne pas me parler de pirates, il ne manque pas d’études pour montrer que c’est marginal et que les internautes sont des consommateurs qui ont tout simplement décidés qu’ils ne voulaient plus payer pour voir ou écouter.
Un mot sur les conclusions du Rapport Olivennes et l’accord qui en découle. Rien de nouveau, la défense d’un modèle industruel dépassé, sans avancées économiques sauf des tartes à la crème qui ne trompent personne sur les DRM ou la VOD sous 6 mois. Le film continue et on va droit vers un nouveau débat parlementaire sur une DADVSI 2. Un remake s’annonce car ce soir on note déjà un désaccord au sein de la majorité. On sait donc que ce sera long, douloureux, impraticable. D’ici là, l’industrie culturelle qui ne veut pas changer va continuer à perdre du terrain. Elle est en guerre contre ses clients. Les dindons de la face risquent bien d’être ceux, notamment artistes, qui ont cru ce soir que cet accord allait changer le cours de l’histoire.

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