28/06/2007

Argent trop cher ?

Author: Webmaster

Et si le p2p n’avait pas encore abattu toutes ses cartes en France ? Et si l’on pouvait parler d’argent et de p2p au delà de Paypal. De confiance ailleurs que sur Ebay. De pression sociale plus forte que sur MySpace
barcampParis12
C’est ce qui c’est passé au barcampParis12 de ce week-end. Il y était question des migrants et de ce modèle d’entraide particulier qu’ils ont apporté dans leurs valises pour soutenir le financement des membres de leur communautés.
En effet, toute une frange de la population est délaissée par les banques pour cause de solvabilité non évaluable par les méthodes bancaires. C’est ainsi que c’est développée la tontine, un prêt accordé directement par une communauté à un de ses membres.
Ce système porte plusieurs noms : SocialLending, BanqueP2P… mais propose partout à des emprunteurs de disposer d’argent à un taux correct et aux prêteurs de placer leur économies tout en participant à la propagation de leur idéaux. Car contrairement aux banques, la communauté discute de l’usage de la somme demandée ou de l’arbitrage de financement entre plusieurs projets.
Et le web dans tout ça ? Transposé sur internet, le disposiitf change de dimension et devient un succès récent mais phénoménal du p2p :


Boober qui se lance cette année aux Pays-Bas grillant la politesse à Frooble,
– l’anglais Zopa depuis mars 2005 et bientôt en Italie,
– l’américain Prosper (!) depuis 2006 (très web 2.0) avec déjà plus de 70 000 000 $ de prêts,
LendingClub qui tire partie des API de Facebook lancé il y a à peine un mois….
et beaucoup d’autres en ligne ou dans les starting-blocks…
On peut aussi remarquer que cette concomitance s’explique par la remise sur la table de tous les sujets chauds du web 2.0 : l’intermédiation, les transactions, la gestion de l’identité numérique, la gestion de la réputation en y ajoutant … les question de droit, de fiscalité.
Car en France nous avons la chance d’avoir un monopole sur les opérations de crédits imposé par le code monétaire et financier :
“Il est interdit à toute personne autre qu’un établissement de crédit d’effectuer des opérations de banque à titre habituel”
mais comme souvent en France tout est un peu plus compliqué que cela… C’est pourquoi y on trouve surtout des associations (comme l’Adie ou France Active) pour le micro financement de projets.
Et si l’on devait inventer une Tontine Digitale à la française ne devrait-elle pas permettre également de s’émanciper de sa famille, de sa religion ?
Bien sur, comme l’explique Jean-Christophe Capelli, la discussion avec l’emprunteur peut être pour le meilleur, c’est à dire des conseils de gestions, la perfection des projets, des échanges sur les économies réalisables (modélisés de façon redoutable sur Wesabe)
Mais personnellement, je serai déçu que la tontine puisse être un instrument supplémentaire de pression morale que des prêteurs pourraient avoir sur des demandeurs. Un puissant générateur de conformisme et d’immobilisme sous couvert de développement de l’indépendance. Je pense au sort de certaines femmes, ou de jeunes couples transculturels qui n’ont pas la bénédiction de leurs familles… et qui doivent trouver un appui en dehors de leur cercle pré-éxistant.
Avec le p2p, on tient l’occasion d’augmenter massivement le nombre de prêteurs, de diminuer d’autant leur prise de risque en abaissant le montant individuel prêté et peut-être de diminuer leur exigence de niveau de confiance… et d’influence.
Alors, dans un contexte d’abandon des monopoles et d’arrivée de nouveau acteurs bancaires, une adaptation du travail remarquable effectué par la Grameen loin de chez nous est-il possible en France, en p2p, sur des populations dont l’accès au web est en progression ?

gallery image