12/09/2006

La fibre a enfin son marché, Free l'a lancé

Author: Romain Dehaudt, Head of Revenue & Operations

En janvier dernier, je titrais un papier L’après ADSL a (enfin) commencé pour annoncer l’entrée imminente de la fibre dans le débat sur le haut-débit, non pas en terme d’expérimentation mais bien de marché.
Terminé les expérimentations, bienvenu au business de masse. Cette semaine, Free a donc mis les pied dans le plat en annonçant une offre FTTH (fibre à l’abonné) à 30€. Jean-Michel Billaut en rêvait, Free l’a fait.


Quelque part, tout le monde l’attendait. 30€, c’est trois fois moins cher qu’un France Télécom qui en est encore à espérer du régulateur qu’il lui laisse le monopole de son infrastructure fibre quelques temps encore, espoir vain si on en juge par les décisions européennes en ce domaine. Il est sans doute temps pour l’opérateur historique d’arrêter de raisonner comme hier, de cesser de camper sur ses certitudes et de se projeter dans l’avenir.
L’annonce de Free est tout sauf une surprise, et celle qui voit l’opérateur se doter de son propre réseau non plus. De fait, Free continue d’appliquer quelques idées simples d’un business télécom qui répond à un seul impératif : rentabliser l’investissement initial et financer la suite, donc adresser le marché et créer les conditions pour qu’il réponde au plus vite.
1/ Free casse les prix, c’est dans sa culture, c’est lui qui avait fait décoller le marché de l’ADSL en 2002 en passant sous la barre des 30€. Ces mêmes 30€ qui seront le prix de l’abonnement FTTH, tout simplement parce que c’est le prix que les consommateurs entendent pour la connexion au réseau.
2/ Free annonce qu’il déploiera son réseau là où il a une part de marché significatif (15%).
3/ Free dégroupe son réseau. Une infrastructure est faite pour servir, en offre de service ou en offre de gros. Pas d’état d’âme, l’important c’est de vendre.
Voilà, quatre ans plus tard, Free joue son rôle de précurseur et fixe de fait les règles du jeu du marché.
Evidemment, la question que tout le monde se pose, c’est celle de la fracture numérique. Car de fait, celle-ci va s’élargir. Un milliard d’euro, ce ne sont que 4 millions de prise, ce n’est pas assez à l’échelle du territoire, il faut au mois quatre pour avoir un maillage digne de ce nom.
Certains rétorqueront que les usages du très haut-débit ne sont pas massifiés, c’est vrai, mais le consommateur souscrira à un meilleur service parce que ça ne change rien au prix et que c’est la logique naturelle de ce marché. Pendant ce temps, la pub va faire son oeuvre, réjouir les uns et frustrer les autres.
L’accès moyen débit en ADSL n’est plus le top, elle est reléguée au rang d’une banalité qu’elle n’est pas pour un nombre non négligeable de français.
Le fait est que la fibre va rester cantonnée aux grandes villes et Free ne fait donc pas mystère que tout dépend de sa part de marché. En contrepartie, les annonces récentes sur l’accès à la FreeBox en non-dégroupé trouvent leur sens et le message renvoyé au travers de l’accès bas-débit gratuit aux oubliés du moyen et haut-débit via la Free Foundation en dit long sur pas mal de choses. Accessoirement, à l’heure des systèmes d’information modernes et de leur mise à jours automatiques en dizaines de Mo, l’accès modem est limite indécent, mais passons.
La fibre est donc le nouvel horizon des projets de territoires numériques, il l’étais déjà pour tout observateur et porteur de projets sérieux, il le devient concrètement aujourd’hui. La course est lancée.

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