27/04/2006

Web 2.0 : maintenant il va falloir gagner de l'argent

Author: Romain Dehaudt, Head of Revenue & Operations

J’avais déjà dis en fin d’année dernière que le web 2.0 serait attendu au tournant de la rentabilité. Les discussions sur la dimension technologique du web 2.0 étant dépassées, il est plus que temps de penser la floraison récente de services en terme de pertinence de leurs modèles économiques.

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Si les services web sont passés à la version 2.0, leur modèle est encore très 1.0, fondé sur la vente d’espaces appuyés sur des indicateurs quantitatifs tels que pages vues ou nombre d’utilisateurs référencés. Cette logique publicitaire s’est d’ailleurs renforcée et démocratisée avec les Google AdWords et la capacité à tout un chacun de développer des revenus marginaux en ligne. On est donc dans la facilité, alors qu’il y a de la place pour inventer des choses. Ce n’est pas parce qu’un service en ligne a du succès, que le web 2.0 est celui d’un internet de masse plus social qu’il va être pour autant profitable.
Tout cela me semble cousu de fil blanc. Le web 2.0 tant technologiquement que socialement, permet de construire des systèmes qui ne coûtent pas cher, beaucoup moins que les portail d’antant. Personne n’est dupe et du coup, l’espace y est bon marché et il faut donc brasser plus de volume pour créer de la valeur. Le nombre d’utilisateur a beau être énorme, les profits ne le sont pas. On reste en plein sur l’idée de base qu’Internet permet de réduire les coûts et que ses avancées contribuent à ce phénomène. C’est de toute façon ce que pensent bon nombre d’acheteurs, la blogosphère est pleine de contributions allant dans ce sens et en plus les faits leur donnent raison.
On ne peut donc pas la leur faire une seconde fois. D’ailleurs, au petit jeu des comparaisons, avec des modèles basés sur du gratuit financé par la publicité, on retrouve les limites et les scénarios désagréables vécus lors de la bulle 1.0. Ainsi, l’étude de cas MySpace est assez éclairante et regarder de près comment le marché de la publicité évolue au global et comment les annonceurs envisagent de dépenser leur argent révèle un peu plus les limites des promesses et ne manque pas d’inquiéter.
Il est temps de penser autrement et de sortir des modèles gratuits. À ce titre, l’actualité livre un exemple intéressant avec l’annonce de la rentabilité de Linkedin. Quand on lit que son business croît plus vite que prévu, car il est “tiré par les abonnement aux services premium”, tout est dit.
Pas étonnant avec ça que 6nergies se fende dans la foulée d’un billet ventant la pertinence des services premium pour l’usager. Tiens donc ? Je fais partie de ceux qui ont mis en doute les promesses initiales de réseaux sociaux laissant croire qu’il suffisait de s’y inscrire. Il est pour autant de bon sens que de penser qu’un usage avancé produise du résultat et le fait est qu’il y en a qui en tirent profit. Mais de développer ce type d’argumentaire ne peut que me faire penser qu’il s’adresse plus à des financiers perplexes qu’aux utilisateurs de ce type de services.
Une entrée de gamme financée par le pub, facilitant la transformation des curieux, puis des options payantes sur abonnement, destinées à ceux qui veulent vraiment en tirer profit, on est vraiment en train de réinventer l’eau chaude ! Vous me direz que c’est toujours mieux que de faire du tout gratuit pour ensuite devoir faire accepter à ses clients de payer. On a déjà vu ce film il y a 5 ans !
Personnellement, ce que j’attends de voir, ce sont des services qui se payent au résultat, pas sur une promesse, parce qu’ils sont sûrs de la valeur ajoutée de leurs offres. Ce serait en phase avec une certaine éthique de la consommation assez en vogue…
L’e-commerce a pour sa part entamé sa révolution. C’est vrai que ses acteurs ont payé pour apprendre et ont appris à se poser de bonnes questions. Il en est ainsi de l’application assidue de la théorie de la longue queue, ou de ce qui se passe avec les mashups. On y regarde le business en terme d’écosystème de création de valeur et non plus de “boutique”, on n’y cède pas à la facilité, on y raisonne sur des modèles plus complexes et à plusieurs faces.
Autour de ces mouvements, il y a quelques exemples à suivre qui envisagent un mixte entre les revenus tirés des services offerts aux usagers, avec d’autres tirés de la mise en interaction de marques, produits ou services avec des communautés. Pas simple, mais il y a en ce domaine de quoi creuser, car cela correspond à l’essence même de l’EntreNet la partie sociale et sociétale de l’évolution actuelle des usages sur le réseau.
C’est typiquement un sujet que j’ai eu plaisir à modéliser sur une étude de faisabilité récente autour d’un nouveau service 2.0 en B2B et dont j’attends avec impatience l’amorçage du projet.

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