14/03/2005

Milka : on nous prend vraiment pour des imbéciles !

Author: Romain Dehaudt, Head of Revenue & Operations

Vous avez tous entendu parler de l’histoire de la couturière de Bourg-Les-Valences dans la Drôme, prénommée Milka et dépositaire de milka.fr. Aujourd’hui, le tribunal de Nanterre l’a condamnée à laisser ce DNS à Nestlé, propriétaire de la marque Milka.
Au delà du fonds de cette histoire pathétique, si je blogue ce soir, c’est après avoir lu, entendu et vu le traitement éditorial du sujet : une bien belle unanimité dans l’histoire du pôt de terre contre le pôt de fer et de la vilaine multinationale détroussant sans vergogne le petit commerce…
Je sais bien que les grands groupes n’ont pas bonne presse, mais tout de même !


Pour quiconque a un minimum de bagage en droit de la propriété intellectuelle, cet épilogue coulait de source. Milka est une marque déposée et le fait que la propriétaire de Milka.fr porte ce prénom ne pèse pas lourd. Les cas de ce genre sont légions. Nous qui gérons des milliers de DNS, entre autres pour des marques prestigieuses, nous sommes bien placé pour le vérifier chaque jour et pas seulement en France !
Notre chère couturière a soit été mal conseillée, soit était trop entêtée. Elle aurait mieux fait de transiger pour au moins s’éviter les frais de justice. Son avocat indiquait ce soir à la télé envisager de faire appel, je n’en croyais pas mes oreilles !
Tout nous était donc expliqué dans les médias comme si www.milka.fr ou plus généralement un site web étaient des biens de peu de valeur, et de s’étonner de la démarche de Nestlé.
Sans parler de souligner que le dépôt d’une marque est le b.a-ba de la protection d’une identité commerciale, aucun journaliste n’a évidemment eu la présence d’esprit de noter que la détention d’un tel domaine était en 2005 un fondamental de n’importe quelle grande marque.
En fait, l’entêtement de notre chère couturière n’est sans doute pas sans fondement. Entretenue dans un climat médiatique totalement déconnecté des réalités, on comprend parfaitement qu’elle puisse y croire et crier à l’injustice.
Voilà en tous les cas une bonne occasion manquée pour un peu de pédagogie du droit des marques appliquée aux noms de domaines.
Mais dans le fonds, cela ne m’étonne pas. La culture en ce domaine en France est très limitée et la gestion de ce risque, notamment dans les PME est soit ignorée soit mal appréhendée. Les médias, qui sont quand même un miroir de la société traduisent parfaitement cet état de fait avec cette histoire. La longue litanie des histoires type Milka ne risque pas de se tarir, au grand plaisir des avocats et de l’encombrement des tribunaux.

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